Apparences France

Le sourcil, Soutien du regard

DR MARTINE BASPEYRAS – DERMATOLOGUE – BORDEAUX

Le sourcil, visible renforcé ou effacé joue un rôle important dans l’expression du visage aussi bien que dans son esthétique. Lorsque j’analyse un visage, deux régions sont identifiées en premier : l’œil et la bouche ou plutôt la région orbitaire et la bouche.

Du point de vue anatomique le sourcil sépare la partie supérieure de l’orbite du front; il est formé de quelques poils particuliers reposant sur de la graisse, des muscles et le rebord orbitaire.

Le caractère plus ou moins proéminent de l’os facial projettera par- fois le sourcil vers l’avant donnant un aspect simiesque au pro l, vécu comme peu esthétique. Ce rebord orbitaire supérieur sert à la protection de l’œil contre la pluie ou les gouttes de sueur; en cas d’agressions extérieures (poussières, vent…) le froncement des sourcils renforcera cette protection.

Les muscles peauciers sont soit des abaisseurs soit des releveurs du sourcil; cette balance musculaire est maintenant bien connue et utilisée depuis l’emploi de la toxine botulique. La position de la tête du sourcil traduit l’opposition entre le frontal (élévateur) et trois muscles abaisseurs: procerus, corrugator et depressor supercilli.

  • le corps, c’est l’opposition entre le frontal (élévateur) et l’orbiculaire (abaisseur).
  • et au niveau de la queue: seul est présent l’orbiculaire abaisseur. Le muscle frontal s’arrête au tiers externe du sourcil au niveau de la crête osseuse fronto-temporale.

Mais il y a aussi la graisse, en particulier la graisse du coussinet adipeux de charpy; cette graisse latérale du sourcil est dé nie comme une syssarcose, c’est-à-dire une articulation entre os, chair et muscle.

Elle varie en fonction du sexe et de l’âge et participe à l’esthétique du visage; sa fonte lors du vieillisse- ment accentue encore la ptose des paupières. La perte du coussinet de charpy, le plissé des paupières traduisent le vieillissement; c’est la ptose de la queue du sourcil par la contraction de l’orbiculaire qui donne le «regard fatigué» et la patte d’oie.

Le relâchement cutané est majoré par le chalasis, augmentant l’excès cutané de la paupière supérieure; de plus le regard se squelettise, l’œil s’enfonce et se ferme avec la perte des supports graisseux.

En surface, la peau est plantée de poils très inclinés, plus drus, qui dessinent le sourcil. Cette pilosité – véritable caractère sexuel – évoluera avec l’âge.

Le sourcil idéal n’existe pas. Il y a de nombreuses variantes selon le sexe, le type de visage, le tout étant modifié par les pratiques cosmétiques. L’analyse générale du sourcil retrouve trois parties: la tête (au centre), le corps et la queue.

Pour dessiner un sourcil, il faut d’abord tracer 4 lignes :

  • Ligne 1, verticale depuis la narine qui doit correspondre au bord interne de la tête.
  • Ligne 2, tracée depuis la narine en passant par la pupille lorsque l’œil est de face et regarde devant, permet de définir la n du corps et le début de la queue, formant tradi- tionnellement un angle modifiant la direction du sourcil.
  • Ligne 3, entre la narine et le canthus externe, permet de dessiner le bord externe de la queue.
  • Ligne 4, horizontale tracée à partir de la tête doit retrouver la queue au dessus.
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Le sourcil peut être arqué, droit ou arrondi; typiquement sa tête est plus épaisse que sa queue ; différentes inclinaisons entre ses parties donneront un sourcil droit ou très incurvé.

Sa position par rapport au rebord osseux, haute, moyenne ou basse changera le regard.

Contrairement à une idée reçue, les sourcils hauts sont souvent un marqueur de l’âge, ils traduisent les efforts du muscle frontal pour relever une paupière supérieure tombante.

  • chez la femme, le sourcil est situé au-dessus du rebord osseux de l’orbite.
  • chez l’homme, en regard du rebord osseux, il est donc situé plus bas, plus horizontal et est plus épais.

Le rôle du sourcil dans l’expression est important. Les sourcils sont mobilisés pour exprimer des sentiments, comme la colère, la confusion, l’étonnement ou le dédain.

Selon les personnes, les sourcils sont mobiles simultanément ou indépendamment. Dans ce dernier cas, ceci permet d’exprimer une plus grande gamme d’émotions.

Comment améliorer et harmoniser les sourcils?
Le sourcil fait partie de l’esthétique du visage: le sourcil est élément de séduction ou de rejet chez la femme et chez l’homme.

Les techniques cosmétiques, épilation, maquillage au crayon ou ta- touage sont très pratiquées parfois sans respect des codes de beauté.

Les techniques médicales sont très courantes ; la toxine botulique permet d’ouvrir le regard; parfois injectée en outrance elle fige un peu.

Les injection de produits de comblement au niveau des sourcils pour remplacer le coussinet de charpy et redonner de la forme à un sourcil aplati et sans support sont des techniques simples, ambulatoires; elles sont pratiquées à l’aiguille ou à la canule; souvent c’est toute la région temporale qui est traitée car la dé- pression des tempes majore l’aspect «dramatique» fatigué du regard.

D’autres techniques comme la radiofréquence ou les ultrasons sont aussi utilisées.

Les techniques de radiofréquence simple ou fractionnée stimulent les tissus.

Le fractionnement permet de mieux chauffer le derme et la fabrication de néocollagène avec un minimum d’éviction sociale. La répétition des séances donnant des résultats plus durables (syneron).

Parfois les traitements médicaux sont dépassés et la chirurgie retrouve ses droits.

Les implants de sourcils, les pexies (résection) sus sourcillières avec différents dessins en ww successifs parfois permettent de replacer le sourcil; les injections de graisse, le lifting temporal qui élève unique- ment la queue du sourcil, le lifting frontal pour relever tout le sourcil ou la chirurgie avec abord coronal, les fils élasticum (qui tiennent 3 à 5 ans)…

Les variantes chirurgicales sont nombreuses, souvent associées pour parfaire un résultat.

Parfois pour corriger une ptose de la tête du sourcil de manière durable, la section du depressor supracillii et du corrugator est pratiquée.

Le sourcil, c’est l’expression d’un visage et l’analyse esthétique lui redonne toute son importance.

Il est frappant de voir qu’en cas de pathologie comme un sourcil affiné par un trouble thyroïdien ou complètement absent lors de pelade, les visages perdent leur expression. Ne négligeons pas cet élément d’expression et de séduction.

Nb: d’après le congrès oculoplastie bordeaux